En photographie, nous cherchons à retranscrire la lumière telle que nous la percevons. N’avez-vous jamais remarqué un décalage entre votre image et la réalité ? C’est normal, l’appareil photo ne fonctionne pas comme notre œil (Ce serait trop simple !). Alors, qu’est-ce qu’une photo bien exposée, comment définir la bonne exposition et quelles sont les possibles que nous offrent notre appareil photo ?
Mais avant de poursuivre cet article, je vous invite à (re) lire cet article sur le triangle d’exposition.
Qu’est-ce qu’une bonne exposition ?
On considère qu’une image correctement exposée doit être équilibrée et ne pas être ni trop sombre, ni trop claire. Le noir doit être noir, le blanc blanc et le gris gris. Les couleurs ne doivent être ni trop claires, ni trop sombres par rapport à la réalité.
Si votre photo présente une forte proportion de tons sombres, votre image est dite sous-exposée. Résultat, les tons clairs tirent sur le gris, les tons noirs deviennent bouchés.
À l’inverse, si votre photo présente une forte proportion de tons clairs, votre image est dite surexposée. Résultat, les tons sombres blanchissent, les tons claires crament.
Dans les deux cas, ces expositions excessives font perdre des détails de l’image.
Comment bien exposer ?
Pour gagner du temps et ne pas avoir à recommencer 10000 fois la même photo jusqu’à ce que l’exposition vous convienne, il existe un curseur qui permet de savoir si une photo est correctement exposée avant d’enclencher. J’en ai déjà parlé dans l’article sur le triangle d’exposition, mais voici une piqûre de rappel. Il se présente de cette façon sur votre appareil photo.
Il interprète la quantité et la répartition de la lumière qui entre dans l’appareil photo. Le curseur indique si votre image est sous-exposée (curseur à gauche du 0), correctement exposée (curseur sur le 0), ou surexposée (curseur à droite du 0) en fonction du triangle d’exposition (c’est-à-dire l’ouverture, l’iso et la vitesse) choisi.
Concrètement, comment gérer ce curseur ?
Entre l’ouverture, la vitesse et l’ISO, pas facile de savoir comment gérer ce petit monde ensemble en mode manuel.
- Tout d’abord, l’ISO. Bloquez-le à 250-300 ISO.
- Puis, fixez l’ouverture avec laquelle vous voulez photographier.
- Une fois ces 2 paramètres choisis, il ne vous reste plus qu’à ajuster la vitesse afin de déplacer le curseur jusqu’au zéro.
Procédez dans cet ordre dès lors que vous photographiez un sujet immobile. Pour un sujet en mouvement (geste culinaire, robot en action…), l’approche est quelque peu différente. Évaluez en premier la vitesse à laquelle le mouvement sera figé et adaptez votre ouverture pour obtenir la bonne quantité de lumière. Gardez ces mécanismes en tête pour vos futures prises de vue. Mais attention, utilisez le curseur d’exposition à titre indicatif. Parfois vous devrez le déplacer un peu plus à gauche ou un plus à droite en fonction de la luminosité de votre scène.
Testez la sous-exposition
La sous-exposition ( curseur d’exposition vers la gauche) fonctionne bien avec les décors sombres où elle viendra naturellement appuyer une certaine ambiance mystérieuse. Une faible lumière ambiante peut être un véritable atout. Jouez sur les zones d’ombres pour emprisonner l’œil de votre spectateur sur votre sujet principal. Il n’est pas nécessaire de dévoiler tous les détails de votre scène. Répartissez-y quelques éléments réfléchissant la lumière pour apporter des zones plus claires qui viendront réveiller l’image.
Essayez plusieurs paliers de sous-exposition en déplaçant la molette à chaque essai. Cela vous permettra d’apprécier les différentes possibilités de cette exposition créative. La retouche en post-traitement sera une phase presque nécessaire pour aller un peu plus loin dans l’expression dramatique et/ou mystérieux de votre scène : assombrir un peu plus, ajuster les zones d’ombres et les zones claires, ajouter du contraste… Je vous expliquerai ça plus en détail une prochaine fois.
Voici quelques exemples.
Testez la surexposition
En déplaçant le curseur de l’exposition vers la droite, vos images vont être baignées de lumière. Cette exposition créative est délicate à réussir puisque les zones blanches vont devenir éblouissantes. C’est ce que nous appelons “les lumières cramées”. Elles sont souvent gênantes pour l’œil et rendent au final une image désagréable.
S’essayer à cette exposition créative en utilisant un décor blanc s’avérera un peu plus complexe. Faites vos premiers essais avec des fonds colorés en évitant la vaisselle blanche et les matières qui réfléchissent la lumière. Préférez le bois (clair) qui va plutôt l’absorber.
Vous remarquerez que les ombres disparaissent au fur et à mesure que vous augmenterez le curseur d’exposition. Les couleurs paraissent différentes : le noir devient gris, le gris devient blanc, les couleurs deviennent pastels. C’est toute la perception de votre scène qui s’en trouve changée.
Le travail de post-traitement permettra d’adoucir les contrastes pour une image plus agréable.
Un peu de technique : les modes de mesure d’exposition
Je termine cet article avec un peu de technique. Je vous disais au tout début que le curseur d’exposition indiquait la quantité et la répartition de lumière en fonction de l’ISO, la vitesse et l’ouverture choisis. Mais pas que ! Le mode de mesure d’exposition sélectionné y est aussi pour quelque chose.
Il existe 3 modes de mesure : la mesure multizone, la mesure pondérée centrale, la mesure spot. Selon la mesure sélectionnée, l’appareil photo ne va pas mesurer l’exposition de la même manière. Je vous fais une présentation rapide.
La mesure multizone (matricielle chez Nikon / évaluative chez Canon)
C’est la mesure par défaut des appareils photos qui conviendra dans la plupart des situations puisqu’elle va jauger l’exposition en fonction de l’ensemble de l’image. Elle regarde les différentes zones de l’image (d’où le nom multizone), s’appuie sur des algorythmes et fait une moyenne de tout ça.
La mesure pondérée centrale
La mesure pondérée centrale est plus précise que la précédente bien qu’elle en reprenne la même méthode de calcul. Mais elle va attribuer en plus une pondération (d’où le terme pondéré) plus importante à la zone centrale de l’image.
La mesure spot
La mesure spot est la plus précise des trois puisqu’elle va mesurer une petite partie de l’image en se calant sur le collimateur (la zone de mise au point) sélectionné. Cette mesure est particulièrement recommandée lorsque vous voudrez réaliser des photos en contre-jour.
Pour résumer, choisissez la mesure multizone qui conviendra dans 99% des cas dans le cadre de la photo culinaire. Mais lorsque vous aurez besoin de faire des contre-jours ou si votre scène est particulièrement sombre ou claire, préférez la mesure spot.